Concepteur

Philippe Baron travaille depuis des années avec des archives filmées. Pendant les mois que dure le montage de ses films, il manipule des images de personnes disparues. « Je me surprends souvent à rêvasser en dialoguant avec ces gens morts. Des fantômes ? »

Troublant pouvoir du cinéma

« Je suis toujours étonné par le pouvoir du cinéma d’abolir le temps, de ressusciter les disparus. Buster Keaton est décédé depuis longtemps mais ses gags visuels n’ont pas perdu un gramme de leur vivacité. Cela est aussi vrai concernant les images d’archives familiales. Je suis toujours ébranlé en voyant ressurgir ma grand-mère, décédée en 2006, jouant au Scrabble et souriant avec malice ».

La scène la plus banale, la plus prosaïque s’avère bouleversante de par cette « sorcellerie », cette capacité à faire rejaillir la vie, par éclats, échos, scintillements.


Filmer pour le futur

L’usage futur des images n’est jamais l’enjeu premier du filmeur. Les films ont d’abord une fonction dans leur contemporanéité : les reportages sont tournés pour informer, les publicités pour vendre des produits… etc. Et quand un quidam sort son téléphone-caméra pour immortaliser ce moment, son intention est surtout de le diffuser sur les réseaux sociaux dans les minutes qui suivent.

Pourtant, le cinéma a, dans son essence, une capacité à s’adresser à un futur plus lointain. C’est ce pouvoir troublant qu’explore ce projet.

Imaginez qu’un jour…

Imaginez qu’un jour, quelqu’un vous dise :
Voilà une bobine filmée par votre arrière-grand-père en 1920. Il l’a laissé à votre intention. Personne ne sait ce qu’elle contient.